La violence des derniers mots : la philosophie en marge de l’éthique sanitaire

L’éthique de la santé est aux prises avec une bataille philosophique interne qui se mène en marge. Cette « querelle de famille » concerne son statut et est connue sous le nom de discussion entre moralité « étroite » et « large » : un conflit sur l'égalité de l'universalité et de la particularité, de la rationalité et de la sagesse pratique, de la technologie et de l'herméneutique, de la pragmatique et de la perspicacité philosophique, des droits et l'éthique de la vertu, individuelle et communautaire. Quiconque s’intéresse aujourd’hui à l’éthique de la santé prend inévitablement position pour ou contre ce débat.

La violence des derniers mots décrit les deux positions et les explique à partir du débat aux Pays-Bas entre Theo van Willigenburg et Paul van Tongeren. En revanche, le livre lui-même adopte une position qui évite les contradictions évoquées. Il ne choisit aucune position ni ne les réconcilie, mais vise à démontrer qu’elles se complètent et opèrent à partir du même terrain. Ce qui caractérise les deux, c’est leur traitement du politique et de la pluralité (Arendt). Les deux positions négligent la valeur et la fonction de la sphère publique et ignorent la violence des derniers mots qui est déjà à l’œuvre dans leur discussion mutuelle. Ces derniers mots (Rorty) ne signalent pas seulement la violence verbale avec laquelle les discussions sont menées ou interrompues, ils dissimulent et protègent également un silence inaudible, une « surdité » inaccessible que chacun de nous habite et singularise (Lacan). Cela nous permet de valoriser quelque chose (moralement), mais cela lui fixe également des limites. En ce sens, l’auteur examine la relation entre philosophie, technologie, éthique et politique.