La crise de la démocratie : commentaires sur la politique actuelle
Nous vivons depuis des années dans une culture de droite et populiste. L’un des ingrédients de cette situation est l’anti-intellectualisme. Les liens et les antécédents plus profonds sont à peine abordés. Dans les médias, la connaissance est ancrée dans le divertissement, les « faits ». La tendance est irrésistible à présenter n'importe quelle position comme légitime et acceptable, pour autant qu'elle émane du « peuple ». La distinction entre opinions fondées et charlatanisme opiniâtre devient ainsi invisible. Le résultat est connu : le charlatanisme des anciens et des nouveaux populistes prime sur une analyse approfondie, car il est prêt à être utilisé dans les médias. Et les populistes et les médias opèrent en étroite synergie. Cette médiatisation des « opinions libres » porte atteinte à la démocratie car la société civile est ignorée et fauchée. L’intellectuel a sa place dans ce milieu de terrain. Pour parler, il doit s'appuyer sur des genres plus « archaïques » comme le livre, l'essai, la conférence, la discussion. Et se limiter à un public plus restreint. Il/elle a peu d’affaires dans les médias. La mission est précise : formuler des critiques et des distinctions de qualité dans les avis. Il s’agit d’une tâche essentiellement démocratique, même si elle s’effectue dans des niches assez restreintes de la société. Opinions, médias et démocratie : le besoin est grand, le salut n’est pas immédiat.