Un monde d’esclavage caché : impressions en cours de route
Les peuples traditionnels m'épousent Brasília, Chapecó, Florianópolis, Xingú, Cuiabá, Curitiba... Le livre que vous tenez entre vos mains peut ressembler à un guide ou à un récit de voyage. Ce n'est pas ça. Plutôt une recherche de l’injustice ou le récit d’une descente aux abysses. Comme dans ses précédents ouvrages, Luc Vankrunkelsven, frère norbertin et ambassadeur des « grands-parents pour le climat », décrit avec compassion – mais sans concession – les ravages que provoquent l'avidité, l'exploitation et la pollution dans ce Brésil qu'il aime tant. Il attire en particulier l'attention sur les trois principaux biotopes menacés et leurs habitants traditionnels : la forêt amazonienne, le Pantanal et le Cerrado. Dans un monde où la science, la nature et les hommes semblent devoir céder la place à la génération de richesses, Luc montre ses frustrations, mais donne aussi un message de lutte et d'espoir. Espoir d’une augmentation des pratiques agricoles durables, lutte pour de nouvelles alliances. Son livre s'ouvre sur l'esclavage, au Brésil mais aussi en Europe, et se termine sur une autre servitude, grande et belle, celle du mariage : « Les peuples traditionnels du Cerrado m'ont épousé ce voyage. Leur lutte et leur résistance me touchent, épouse-moi. (Un triple mariage, texte 7-10-2019) Un regard indispensable et urgent sur le Brésil d'aujourd'hui, et sur nous-mêmes. Patrick Hermann, ambassadeur de Belgique à Brasilia, Brésil Le monde n'est pas une fazenda Dans le contexte des fonds de pension investissant dans le foncier et ce, pour une part non négligeable, dans le Cerrado brésilien, Jos Lemmens, alors responsable des matières premières cité par l'ABP. Ce PDG d’un fonds de pension néerlandais confirmait en 2010 : « Le monde est en principe notre fa-zenda. » Il suffit de rechercher le terme fazenda sur Wikipédia et de suivre les liens présents dans l'article (esclavage, esclaves pour dettes, colonisation...) pour avoir un avant-goût des vilaines implications de ce one-liner ambitieux. Ce qu’est le monde « en principe » n’est peut-être pas possible à décrire en phrases courtes. Mais il n’est certainement pas « notre fazenda ». Les tentatives inspirées pour dire ce qu’il est sont le terreau des histoires de ce livre. Jos Wouters, abbé général des Prémontrés, Rome